Three notebook leaves on Descartes, Newton, Fontenelle

Electronic edition provided by the Center for the History of Women Philosophers and Scientists, University of Paderborn, in cooperation with the National Library of Russia, Saint Petersburg, and the Centre international d’étude du XVIIIe siècle, Ferney-Voltaire.

Transcription, encoding, annotations by Andrew Brown, Ulla Kölving, Stefanie Ertz.

Published 2020-12-12.

Content

These autograph pages contain notes, extracts or commentairies concerning five different sources, written in different ink at different times:

1. The French translation by Claude Picot of Descartes’s Principia philosophiae (1644), Les Principes de la philosophie escrits en latin par René Descartes. Et traduits en françois par un de ses amis, first published in 1647. Du Châtelet consulted the copy of the 1723 edition of that translation that has been preserved in the Voltaire Library of the National Library of Russia, Saint Petersburg (Paris, Compagnie des libraires, BV 999). It contains two marginal notes in Du Châtelet’s hand, on pages 126 and 237, see CNM, vol. 3, p. 114-116, or OCV, vol. 138, p. 114-116.

2. Jean-Jacques Dortous de Mairan, Dissertation astronomique sur le mouvement de la Lune, et de la Terre, où l’on éxamine laquelle de ces deux planetes tourne autour de l’autre, comme satellite. Avec des remarques sur les satellites en général, in Histoire de l’Académie royale des sciences. Année 1727. Avec les memoires de mathématique et de physique, pour la même année. Tirées des registres de cette Académie, Paris, Imprimerie royale, 1729, Mémoires, p. 63-107 ().

3. Bernard Le Bouvier de Fontenelle, Éloge de M. Neuton, in Histoire de l’Académie royale des sciences. Année 1727. Avec les memoires de mathématique et de physique, pour la même année. Tirées des registres de cette Académie, Paris, Imprimerie royale, 1729, Histoire, p. 151-172 ().

4. Noël Regnault, Origine ancienne de la physique nouvelle, où l’on voit dans les entretiens par lettres, ce que la physique nouvelle a de commun avec l’ancienne, le degré de perfection de la physique nouvelle sur l’ancienne, les moyens qui ont amené la physique à ce point de perfection, Paris, J. Clousier, 1734, BV 2920. The second and third volumes contain thirteen marginal notes in Du Châtelet’s hand and numerous passages in the three volumes are flagged in the margin by pencil , see OCV, vol. 142, p. 307-327 (vol. 2 ; vol. 3 ). [A]

5. Bernard Le Bouvier de Fontenelle, Œuvres diverses de M. de Fontenelle, de l’Académie françoise. Nouvelle édition augmentée, Paris, Michel Brunet, 1724, vol. 3 (). BV 1363, CNM, vol. 3, p. 650-653, or OCV, vol. 138, p. 650-653. The third volume of the Œuvres diverses apparently contains corrections by Du Châtelet; see CNM, vol. 3, p. 716, note 681, or OCV, vol. 138, p. 716, note 681.

These notes may be contemporary to Du Châtelet’s early work on Newton and to the preparation of the Traité de métaphysique and the Éléments de la philosophie de Newton, 1735-1737.

Source

MS1: National Library of Russia, Saint Petersburg, Voltaire Library, 5-240, vol. 9, f. 122-125.

The manuscript consists of two sheets of accounting stationery, 41 x 31 cm, with watermark GR under a crown and one of the versions of Pro Patria, folded to form two gatherings of four pages, 31 x 20.5 cm.

Each page is lined vertically, three lines on the left and one on the right in the case of the first gathering, the reverse on the second, the first sheet having been inverted.

The first page of the first gathering (f. 122r) bears at the top an inscription in the hand of Jean-Louis Wagnière: “Ce qui suit est de made du châtelet.” The last page of this gathering (f. 123v) bears an inscription in Voltaire’s hand, in the right-hand lower margin: “de me du chastellet”.

The two gatherings were originally folded in two, the second probably inserted into the first, Voltaire’s note therefore falling on the visible outside half-page. Wagnière’s note would have been added when the manuscript was unfolded and prepared for binding at Saint Petersburg, an operation carried out under his direct control.

Edition

Wade 1958, p. 38-40 ().

Abbreviations

BVBibliothèque de Voltaire. Catalogue des livres, ed. M. P. Alekseev and T. N. Kopreeva, Moscou, Leningrad, Éditions de l‘Académie des sciences de l‘URSS, 1961.

CNM Voltaire, Corpus des notes marginales, ed. T. Voronova and S. Manevitch, Berlin, Akademie Verlag, 1969-1994.

D> Voltaire, Correspondence and related documents inOCV, t. 85-135, 1968-1977.

E> Émilie Du Châtelet, Correspondance, ed. Th. Besterman et al., Genève, Banbury, Oxford, 1968-.

OCV Voltaire, Œuvres complètes, ed. Th. Besterman et al., Genève, Banbury, Oxford, 1968-.

Wade 1958 Ira O. Wade, The Search for a new Voltaire. Studies on Voltaire based upon material deposited at the American Philosophical Society, Philadelphia, American Philosophical Society, 1958 (Transactions of the American Philosophical Society, n. s. 48, part 4.

[A] Certain aspects of Regnault’s works, not mentioned in the notes published here, were turned to ridicule by Du Châtelet and Voltaire. Both seized upon Hercule, “rangés parmi les physiciens” (L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 1, p. 39) and the curious passage at the end of the IVe entretien of the Entretiens d’Eudoxe et d’Acrotal: “nous essayerons de discerner s’il y a réellement du Vuide dans la Nature, ou s’il n’en est point d’autre que celui qui [...] se trouve souvent dans la bouteille, dans la bourse, ou dans la tête”. See Émilie Du Châtelet, “Lettre sur les Éléments de la philosophie de Newton”, Journal des savants, septembre 1738, p. 535; Du Châtelet to Maupertuis, 29 September 1738, E168; Voltaire to the marquis d’Argens, 22 June [1737], D1342; Notebooks, OCV, vol. 81, p. 324.

* * * * *

1[f. 122r] Descartes

2Nous avons l’idée de l’ame ou de l’esprit, ou de la pensée, avant celle du corps, et plus certainement, car nous pouvons doutter à toute force de l’existence des corps, mais non de celle de notre pensée, Descartes conclud de ce raisonement que l’ame est une substance entierement diferente du cors, car dit il pour dire, je pense, donc je suis, on n’a besoin de figure, ni d’extension ni d’etre en aucun lieu &c[.] [1]

3L’idée que nous avons de dieu est une preuve que nous ne nous somes pas faits nous meme car nous nous serions donnés toutes les perfections dont nous avons l’idée &c[.] [2]

4 MS1: Le tems <ou la durée> [del. EDC]Le tems n’est qu’une sertaine façon de penser à MS1: <cette> la [corr. sup. EDC]la durée et non la mesure reelle du mouvement, 2 corps mus ensemble pendant une heure, l’un vite, l’autre doucement, nous ne disons pas qu’il ait duré plus de tems MS1: l’un [add. sup. EDC]l’un que l’autre[.] [3]

5Je crois que la raison est que nous avons une mesure comune pour ces deux corps, qui est une heure sur une pendule, mais si nous n’avions point de mesure comune peut etre dirions nous que l’un a plus duré que l’autre, [4] cela ne me paroit pas bien sur[.]

6Nous conoissons clairement la couleur, la douleur &c quand nous les considerons simplement come des objets de notre pensée, mais quand nous voulons juger que ce sont des choses qui existent hors de nous, nous ne concevons en aucune façon quelle chose c’est &c[.] [5]

7[f. 122v] Je ne sais si il a raison dans la distinction qu’il fait de la longueur & et de la couleur MS1: &c. [add. EDC]&c. Metaphisiquement parlant, cela ne contredit-il point la possibilité de la non existence des cors et MS1: l’agomisme [corr. eds.]l’atomisme page MS1: <35> 55 [corr. EDC]55 [6]

8Je crois qu’il se trompe encore sur la distinction des substances et des modes page 37 [7] mais il semble l’éclaircir dans la suite page 74[.] [8]

9Il faut autant d’effort pour passer du mouvement au repos que du repos au mouvement[.] [9]

10Il dit que le mouvement est reciproque et que b s’éloignant MS1: de C <ce> C <a autant> s’éloignede C[,] C s’eloigne d’autant de b page 91 et 92[,] [10] mais cela ne me parait pas vray car je puis m’eloigner de mon fauteüil et mon fauteüil ne s’est pas remué pour cela, il est vray que sa direction[,] son raport a changé par raport à moy come MS1: <moy> le<s> mien [corr. sup. EDC]le mien par raport à luy[,] mais je ne crois MS1: pas [add. sup. EDC]pas qu’on puisse dire que mon fauteüil se soit remué, ainsi la definition du mouvement de repondre successivement à diferens MS1: <point> points [corr. EDC]points des cors voisins n’est pas juste[.] [11]

11[f. 123r] Phisique

12Le disque de jupiter vu de son 1.er satellite y doit paroitre plus de 1300 [fois] plus grand que ne nous paroit celui de la lune et lui [add. sup. EDC]lui donner p[ar] c[onséquent] 38 fois [add. sup. EDC]fois plus de lumiere environ[.] [12]

13L’ombre de ce 1.er satellite <n’augme> ne couvre [del. EDC]ne couvre pas la 400e. partie du disque de jupiter quand il <est entre le> y fait [corr. EDC]y fait une éclipse partiale[.] item [13]

14Suivant mr Neuton la densité du cors de la lune est à la densité du globe terestre à peu pres come 11 est à 9[,] cependant come son volume est au moins 50 fois plus petit, et que les quantités de matiere propre ou les masses de 2 cors sont entre elles en raison composée de leur densité et de leur volume, la quantité de matiere propre de la lune est à celle de la tere come 1 à 40[.] item [14]

15Il faut donc entendre par un cors celeste quelquonque qui tourne autour d’un autre celui des deux qui est le plus éloigné du centre de gravité comun, qui decrit une plus grande courbe autour de ce centre et qui par cette courbe renferme le second et la courbe semblablement decrite par celui cy autour du centre comun, c’est là à parler éxactement ce qui constituë la planette du second ordre et le [add. sup. EDC]et le satellite[,] d’où l’on voit qu’il est essentiel à tout satellite d’etre plus petit ou de moindre masse que la planete principale[,] car les bras de levier qui sont les rayons descripteurs et qui s’etendent de part et d’autre du centre comun de gravité sont entre eux en raison renversée des masses dont les centres propres sont à l’extremité de ces bras[.] item [15]

16 [f. 123v] Eloge de mr Neuton par Fontenelle [16]

17Comparaison des sources du Nil dans Lucain[.] [17]

18Comparaison de Leibnits à Promethée[.] [18]

19Si on [n’]est pas sur ses gardes on est exposé au peril de croirre qu’on entend <ce que signifie l’attraction> l’attraction [corr. EDC] l’attraction[.] [19]

20Il demontre l’impossibilité des tourbilons et les soutient[.] [20]

21Parallele de Descartes et de Neuton peu juste[.] [21]

22Reproches sur le mot d’attraction et sur sa cause inconnuë et qu’il apelle occulte de mauvaise foy, et injüste[.] [22]

23 Mr Neuton a vu son apotheose[.] [23]

24 origin. de la phisique [f. 124r] Dieu est un etre dont la nature est d’etre. [24]

25Athenaïs belle et savante depuis l’imperatrice Eudoxe, desheritée par son pere parce que disoit il <fortu> beauté [del. EDC]sa beauté et son esprit feroient sa fortune[.] idem [25]

26Une once d’or sur un cilindre d’argent s’allonge par la filiere jusqu’a 120 lieuës[.] idem [26]

27mr de Malezieux pretent avoir vu des insectes dans un microscope 27 milions de fois plus petits qu’une mite[.] idem [27]

28On fait avec du soufre, du sel vitriolique et de la tere une poudre noire, qui s’attache à l’aiman come le fer [.] idem [28]

29idem tom. 2.e page 226Secret pour éteindre facilement une incendie[.] [29]

30La pesanteur de l’eau est à celle de l’air come 840 à un[.] idem [30]

31Distance de la lune à la tere quatre vint dix mil lieuës[.] idem [31]

32Ce phenomene toujours ancien, et toujours nouveau, dit il en parlant du reflux de la mer[.] idem [32]

33Le p. Renaut pretend qu’il en pensa couter la vie à Cleante dans la Grece pour avoir dit que la tere tournoit autour du soleil, et que l’on cria à l’impieté et il cite Plutarque[.] idem [33]

34 idem [f. 124v] Il a fallu pour parvenir au point de perfection où est la phisique que la force et la foiblesse de l’esprit humain éclatassent tour à tour[.] [34]

35 éloges de Fonten.M. de Leibnitz eut une consideration auprés du duc Jean Frederic qui apartient autant et peut etre plus à l’eloge de ce prince qu’au sien[.] [35]

36M. Ozanam gouta ces plaisirs simples que la nature avoit attachez aux noms de mary et de pere, mais qui sont aujourdhuy reservez pour les familles obscures et qui deshonereroient les autres[.] [36]

37Il semble que le plus sur pour les hommes seroit de s’aprocher peu et de se cra[i]ndre mutuellement[.] [37]

38Declamations contre l’attraction dans l’éloge de mr de Montmort, qui fait bien plus de tort à Fontenelle qu’à l’attraction[.] [38]

39La pratique de l’équité est si oposée à la nature humaine, qu’elle fait les plus grans heros en moralle[.] [39]

40M. Renau étoit cytoyen come si la mode ou les recompenses eussent invité à l’etre[.] [40]

41C’est un home rare que celui qui ne peut faire pis que de se tromper[.] [41]

42M. Renau ne démordoit gueres de ses entreprises, ni de ses opinions, ce qui assuroit davantage le succez de ses entreprises et donnoit moins de credit à ses opinions[.] [42]

43[f. 125r] Puerilité

44 M. des Billettes quand il montoit les marches du pont neuf les montoit par les bouts crainte d’user le milieu deja escorné[.] [43]

45Devoirs d’un lieutenant de police dans l’éloge de m. d’Argenson d’une eloquence admirable[.] [44]

[1] Descartes, Principes de la philosophie, I, 6-8 (p. 5-6): “nous avons tant de répugnance à concevoir que ce qui pense n’est pas veritablement au même tems qu’il pense, que [...] nous ne saurions nous empêcher de croire que cette conclusion, je pense, donc je suis, ne soit vraïe & par conséquent la premiere & la plus certaine, qui se presente à celui qui conduit ses pensées par ordre. ¶Il me semble aussi que ce biais est tout le meilleur que nous puissions choisir pour connoître la nature de l’ame, & qu’elle est une substance entierement distincte du corps; car examinant ce que nous sommes, nous qui pensons maintenant qu’il n’y a rien hors de nôtre pensée qui soit veritablement ou qui existe; nous connoissons manifestement que pour être nous n’avons pas besoin d’extension, de figure, d’être en aucun lieu [...]; & par conséquent que la notion que nous avons de nôtre ame ou de nôtre pensée, précede celle que nous avons du corps”.[2] Descartes, Principes de la philosophie, I, 20 (p. 16): “Il faut [...] que nous recherchions quel est donc l’auteur de nôtre ame ou de nôtre pensée, qui a en soi l’idée des perfections infinies qui sont en Dieu, pource qu’il est évident que ce qui connoît quelque chose de plus parfait que soi, ne s’est point donné l’être, à cause que par même moyen il se seroit donné toutes les perfections dont il auroit eû connoissance”.[3] Descartes, Principes de la philosophie, I, 57 (p. 41): “ainsi le tems, par exemple, que nous distinguons de la durée prise en general, & que nous disons être la mesure du mouvement, n’est rien qu’une certaine façon dont nous pensons à cette durée; Pource que nous ne concevons point que la durée des choses qui sont mûës, soit autre que celle des choses qui ne le sont point: comme il est évident de ce que si deux corps sont mûs pendant une heure, l’un vîte & l’autre lentement, nous ne comptons pas plus de tems en l’un qu’en l’autre, encore que nous suposions plus de mouvement en l’un de ces deux corps”.[4] Descartes, Principes de la philosophie, I, 57 (p. 41-42): “Mais afin de comprendre la durée de toutes les choses sous une même mesure, nous nous servons ordinairement de la durée de certains mouvemens réguliers qui font les jours & les années, & la nommons tems, après l’avoir ainsi comparée, bien qu’en effet ce que nous nommons ainsi ne soit rien hors la veritable durée des choses, qu’une façon de penser.”[5] Descartes, Principes de la philosophie, I, 68 (p. 53): “nous remarquerons en premier lieu que nous connoissons clairement & distinctement la douleur, la couleur, & les autres sentimens, lorsque nous les considerons simplement comme des pensées; mais que quand nous voulons juger que la couleur, que la douleur, &c. sont des choses qui subsistent hors de nôtre pensée, nous ne concevons en aucune façon qu’elle [sic] chose c’est que cette couleur, cette douleur, &c.”[6] Descartes, Principes de la philosophie, I, 69 (p. 54-55): “Principalement s’il considere qu’il connoît bien d’une autre façon ce que c’est que la grandeur dans le corps qu’il apperçoit, ou la figure, ou le mouvement, au moins celui qui se fait d’un lieu à un autre [...] ou la situation des parties, ou la durée, ou le nombre & les autres proprietés que nous appercevons clairement en tous les corps, comme il a été déja remarqué; que non pas ce que c’est que la couleur dans le même corps, ou la douleur, l’odeur, le goût, la saveur; & tout ce que j’ai dit devoir être attribué aux sens. Car encore que voyant un corps nous ne soyons pas moins assurés de son existence par la couleur que nous appercevons à son occasion, que par la figure qui le termine, toutefois il est certain que nous connoissons tout autrement en lui cette proprieté qui est cause que nous disons qu’il est figuré, que celle qui fait qu’il nous semble coloré.”[7] Descartes, Principes de la philosophie, I, 52 (p. 37-38): “car il faut seulement pour entendre que ce sont des substances, que nous appercevions qu’elles peuvent exister sans l’aide d’aucune chose créée: mais lorsqu’il est question de sçavoir si quelqu’une de ces substances existe veritablement, c’est-à-dire, si elle est à présent dans le monde, ce n’est pas assez qu’elle existe en cette façon, pour faire que nous l’appercevions: car cela seul ne nous découvre rien qui excite quelque connoissance particuliere en nôtre pensée, il faut outre cela qu’elle ait quelques attributs que nous puissions remarquer, & il n’y en a aucun qui ne suffise pour cet effet, à cause que l’une de nos notions communes est, que le néant ne peut avoir aucuns attributs ou proprietés ou qualités, c’est pourquoi lorsqu’on en rencontre quelqu’un, on a raison de conclure qu’il est l’attribut de quelque substance, & que cette substance existe”.[8] Descartes, Principes de la philosophie, II, 9 (p. 74): “Car lorsqu’ils distinguent la substance d’avec l’extension & la grandeur, ou ils n’entendent rien par le mot de substance, ou ils forment seulement en leur esprit une idée confuse de la substance immaterielle qu’ils attribuent à la substance materielle, & laissent la veritable idée de cette substance materielle, à l’extension qu’ils nomment accident, si improprement, qu’il est aisé de connoître que leurs paroles n’ont point de rapport avec leurs pensées.”[9] Descartes, Principes de la philosophie, II, 26 (p. 89-90): “Et d’autant que nous nous trompons ordinairement, en ce que nous pensons qu’il faut plus d’action pour le mouvement que pour le repos, nous remarquerons ici que nous sommes tombés en cette erreur dès le commencement de nôtre vie [...] il nous a semblé qu’il falloit une force plus grande & plus d’action pour produire un mouvement, que pour l’arrêter, à cause que nous avons pris l’action pour l’effort qu’il faut que nous fassions, afin de mouvoir nos membres & les autres corps par leur entremise. Mais nous n’aurons point de peine à nous délivrer de ce faux préjugé, si nous remarquons que nous ne faisons pas seulement quelque effort pour mouvoir les corps qui sont proches de nous, mais que nous en faisons aussi pour arrêter leurs mouvements, lorsqu’ils ne sont points amortis par quelqu’autre cause”.[10] Descartes, Principes de la philosophie, II, 29 (p. 91-92): “Car il [le transport] est réciproque, & nous ne saurions concevoir que le corps AB, soit transporté du voisinage du corps CD, que nous ne sachions aussi que le corps CD, est transporté du voisinage du corps AB, & qu’il faut tout autant d’action pour l’un que pour l’autre. Tellement que si nous voulons attribuer au mouvement une nature qui puisse être considerée toute seule, & sans qu’il soit besoin de le raporter à quelqu’autre chose: lorsque nous verrons que deux corps qui se touchent immédiatement, seront transportés l’un d’un côté & l’autre d’un autre, & seront réciproquement séparés, nous ne ferons point difficulté de dire qu’il y a tout autant de mouvement en l’un comme en l’autre”.[11] Descartes, Principes de la philosophie, II, 32 (p. 95), marginal heading: “Comment le mouvement unique, proprement dit, qui est unique en chaque corps, peut aussi être pris pour plusieurs.”; II, 33 (p. 96), marginal heading: “Comment en chaque mouvement il doit y avoir un cercle ou anneau de corps, qui se meuvent ensemble.”[12] Mairan, Dissertation astronomique sur le mouvement de la Lune, p. 96: “car le disque de Jupiter, vû de son premier Satellite, y doit paroitre plus de 1300 fois plus grand que ne nous paroît celui de la Lune. Il doit aussi par-là, comme il est aisé de le déduire des différentes distances, y réfléchir 38 fois plus de lumiére que ne nous en donne la Lune.”[13] The second quotation precedes the first: Mairan, Dissertation astronomique sur le mouvement de la Lune, p. 96: “Car outre la rétrogradation sensible, qu’il peut appercevoir dans le Soleil, si c’est, par exemple, le premier Satellite de Jupiter, il doit voir courir son ombre comme une tache circulaire, ou ovale, & tantôt plus ou moins oblongue, pendant plus de deux heures, & en sens contraire, sur le disque de Jupiter, dont elle n’occupe pas la 400me partie, quoiqu’elle y paroisse 3 ou 4 fois aussi grande que nôtre Lune.”[14] Mairan, Dissertation astronomique sur le mouvement de la Lune, p. 105: “Car bien que selon les principes de ce sisteme [Newtonien], la densité du corps de la Lune soit plus grande que celle du globe Terrestre, & en raison à peu près de 11 à 9; cependant comme son volume est tout au moins 50 fois plus petit, & que les quantités de matiere propre, ou les masses de deux corps sont entre elles en raison composée de leurs densités et de leurs volumes, la Lune demeurera toûjours de moindre masse que la Terre, & sa quantité de matiere propre ne sera à celle de la Tere tout au plus que comme 1 est à 40”.[15] Mairan, Dissertation astronomique sur le mouvement de la Lune, p. 106: “Il faut donc entendre par un Corps Celeste quelconque qui tourne autour d’un autre, celui des deux qui est le plus éloigné du centre de Gravité commun, qui decrit une plus grande Courbe autour de ce centre, & qui, par cette courbe, renferme le second, & la courbe semblablement décrite par celui-ci autour du même point. C’est là, à parler exactement, ce qui constitue la Planete du second ordre & le Satellite. D’où l’on voit qu’il est essentiel à tout Satellite d’être plus petit, ou de moindre masse que la Planete Principale. Car les bras de levier qui sont les rayons descripteurs, & qui s’étendent de part & d’autre du centre de Gravité commun, sont entre eux en raison renversée des masses, dont les centres propres sont à l’extremité de ces bras.”[16] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, in Histoire de l’Académie royale des sciences. Année 1727, p. 151-172.[17] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 152: “On lui [à Newton] pourroit appliquer ce que Lucain a dit du Nil, dont les Anciens ne connoissoient point la source, Qu’il n’a pas été permis aux hommes de voir le Nil foible & naissant.” Fontenelle refers to Marcus Annaeus Lucanus, Pharsalia/De bello civili, lib. X, 296: Non licuit populis parvum te, Nile, videre.[18] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 154: “M. Neuton est constamment le premier Inventeur, & de plusieurs années le premier. M. Leibnits de son côté est le premier qui ait publié ce Calcul, & s’il l’avoit pris de M. Neuton, il ressembleroit du moins au Prométhée de la Fable, qui déroba le feu aux Dieux, pour en faire part aux hommes.”[19] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 157: “L’usage perpétuel du mot d’attraction, soûtenu d’une grande autorité, & peut-être aussi de l’inclination qu’on croit sentir à M. Neuton pour la chose même, familiarise du moins les Lecteurs avec une idée proscrite par les Cartésiens, & dont tous les autres Philosophes avoient ratifié la condamnation, il faut être présentement sur ses gardes, pour ne lui pas imaginer quelque réalité, on est exposé au péril de croire qu’on l’entend.”[20] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 159-160: “M. Neuton établit à son ordinaire sur une très-profonde Géométrie, ce qui doit résulter de cette Résistance, selon toutes les causes qu’elle peut avoir, la Densité du Milieu, la Vîtesse du Corps mû, la grandeur de sa Surface, & il arrive enfin à des conclusions qui détruisent les Tourbillons de Descartes, & renversent ce grand Edifice céleste, qu’on auroit crû inébranlable. [...] ¶Les deux grands Hommes, qui se trouvent dans une si grande opposition, ont eû de grands rapports. Tous deux ont été des génies du premier ordre, nés pour dominer sur les autres esprits, & pour fonder des Empires. [...] Tous deux ont fondé leur Phisique sur une Géométrie, qu’ils ne tenoient presque que de leurs propres lumiéres. Mais l’un, prenant un vol hardi, a voulu se placer à la source de tout, se rendre maître des premiers principes par quelques idées claires, & fondamentales, pour n’avoir plus qu’à descendre aux phénomenes de la Nature, comme à des conséquences nécessaires; l’autre plus timide, ou plus modeste, a commencé sa marche par s’appuyer sur les phénomenes pour remonter aux principes inconnus, résolu de les admettre quels que les pût donner l’enchaînement des circonstances. L’un part de ce qu’il entend nettement pour trouver la cause de ce qu’il voit. L’autre part de ce qu’il voit pour en trouver la cause, soit claire, soit obscure [...] Les bornes, qui dans ces deux routes contraires ont pû arrêter deux hommes de cette espece, ce ne sont pas les bornes de leur Esprit, mais celles de l’Esprit humain.”[21] See the passage quoted above (Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 160).[22] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 157, 163-164: “Il n’employe à chaque moment que ce mot [attraction] pour exprimer la force active des Corps, force, à la vérité, inconnuë, & qu’il ne prétend pas définir, mais si elle pouvoit agir aussi par impulsion, pourquoi ce terme plus clair n’auroit-il pas été préféré? [...] Il déclare bien nettement qu’il ne donne cette attraction que pour une cause qu’il ne connoît point, & dont seulement il considére, compare & calcule les effets, & pour se sauver du reproche de rappeller les Qualités occultes des Scholastiques, il dit qu’il n’établit que des qualités manifestes & très-sensibles par les phénomenes, mais qu’à la vérité les causes de ces qualités sont occultes, & qu’il en laisse la recherche à d’autres Philosophes.”[23] Fontenelle, Éloge de M. Neuton, p. 165-166: “M. Neuton a eû le bonheur singulier de joüir pendant sa vie de tout ce qu’il meritoit, bien différent de Descartes, qui n’a reçû que des honneurs posthumes. Les Anglois n’en honorent pas moins les grands talents pour être nés chez eux [...] Enfin il a été reveré au point que la mort ne pouvoit plus lui produire de nouveaux honneurs, il a vû son Apothéose”.[24] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 11, p. 45: “Selon les Physiciens de l’Antiquité, qu’est-ce que Dieu? C’est un Etre dont la Nature est d’être.” This passage is marked in the margin of the copy of Regnault consulted by Du Châtelet, see OCV, vol. 142, p. 312.[25] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 12, p. 87: “On sçait l’Histoire de la célébre Athenaïs. Athenaïs étoit fille d’un Philosophe d’Athénes. Elle apprit de son Pére les Belles-Lettres, la Géométrie, l’Astronomie, la Physique, où elle excella. Et le Pére d’Athenaïs voyant tout-à-la fois une Science et une beauté rare, dans sa Fille, la desherita, convaincu que ces deux qualités réünies feroient sa fortune.” This passage is marked in the margin of the copy of Regnault consulted by Du Châtelet, see OCV, vol. 142, p. 313. The fate of Athenaïs had already been treated by Fontenelle in his Dialogues des morts (Dialogue VI). The antique source is Nicephorus Callistus Xanthopulus, Ecclesiasticae historiae libri decem et octo. T. 14. Cap. 23: De Eudocia Augusta, quae et Athenais est dicta etc.[26] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 160: “Une once seule de feüilles d’Or, étant appliquée sur un Cylindre d’Argent, se tire par la Filiére, comme vous le sçavez, diminuant toûjours d’épaisseur, & s’allonge, à donner un fil d’Or long de plus de 100 lieuës. L’Art peut l’étendre à plus de 120 lieuës.” This passage is marked in the margin of the copy of Regnault consulted by Du Châtelet, see OCV, vol. 142, p. 314.[27] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 161: “Un grand Géométre de nos jours [note: M. de Malezieu, Histoire de l’Académie Royale des Sciences. 1718, p. 9] assûre qu’il a vû, au Microscope, des insectes 27 millions de fois plus petits qu’une Mite.” This passage is marked in the margin of the copy of Regnault consulted by Du Châtelet, see OCV, vol. 142, p. 314.[28] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 163-164: “Si nous cherchons les principes immédiats du Fer, nous les trouvons dans le Soufre, dans un Sel vitriolique, & dans la Terre. Par le mêlange de ces trois principes, on a fait du Fer il y a quelques années; du moins, on a fait une poussiére noire & pesante, qui s’attache, comme le fer à l’Aiman; caractére spécifique du Fer.”[29] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 226-227: “Enfin sans parler de plusieurs maniéres d’éteindre le feu selon les régles de la Physique, on nous a fait voir assez récemment un secret pour éteindre les incendies, également simple & ingénieux. Le voici: Au milieu d’un barril plein d’eau, de treize pouces, environ, de diamétre, & de vingt-deux de hauteur, est une boëte de Fer-blanc, qui contient environ deux livres de Poudre à canon. La boëte, qui se termine par un long col, va traverser un des fonds du baril. Il y a dans le long col une Fusée. On allume la fusée, lorsqu’on veut faire usage du baril. On pousse le baril dans l’incendie; bientôt la poudre prend feu, la boëte & le baril crevent, & l’eau lancée rapidement de toutes parts éteint la flamme.”[30] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 230: “Mais, Ariste, avant les derniers temps, la Physique avoit-elle porté ses recherches jusques à reconnoître, par exemple, que la pesanteur de l’Eau est à celle de l’Air, à-peu-près, comme 840. à 1.” Footnote: “Transact. Philosophiques, an. 1686. dissert de M. Halley”. The refernce is to Edmond Halley, A discourse of the rule of the decrease of the hight of the mercury in the barometer, according as places are elevated above the surface of the Earth, with an attempt to discover the true reason of the rising and falling of the mercury, upon change of weather, in Philosophical transactions of the Royal Society, vol. 16, 1686-1687, p. 104.[31] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 235: “Les Eaux s’enflent sous la Lune dans la fermentation; enflées, elles se répandent vers le Pôles; & quand la Lune est passée, leur pesanteur les ramene vers l’Equateur: & c’est le Flux et le Reflux. Mais ces esprits Lunaires qui viennent de quatre-vingt-dix mille lieuës en si peu de temps pour enfler les Eaux par la fermentation, n’ont-ils pas bien l’air de venir réellement que de l’Imagination?” This passage is marked in the margin of the copy of Regnault consulted by Du Châtelet, see OCV, vol. 142, p. 315.[32] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 2, lettre 17, p. 230-231: “Il faut l’avoüer, l’Antiquité fut aussi frappée que nous, du Flux & du Reflux de la Mer; & elle fit sur ce Phénomene toûjours ancien & toûjours nouveau pour les Philosophes, des Observations dignes de la postérité.”[33] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 3, lettre 19, p. 175-176: “Cleante: La différente situation des Planetes, en démontre le movement. Pour la Terre, elle tourne sur son centre, il est vrai; mais au même temps, elle tourne dans le Zodiaque autour du Soleil, comme les autres Planetes, de l’Occident à l’Orient, tandis que le Ciel des Etoiles est en repos; & c’est la pensée de Philolaüs. Plutarque: Est-il vrai, Cleante, que le Grecs trouverent de l’impieté dans ce systême, & qu’il pensa vous coûter cher? Cleante: Il faut convenir que les esprits parurent allarmés”. A note refers the reader to “Plutarch, de facie in orbe Luna, p. 912.923.tom 2. Xylandre interpr”. The reference is to Plutarchus, De facie quae in orbe luna appareat, commentarius, quoted from Plutarchi Chaeronensis omium [...] operum tomus secundus, continens moralia. Guilelmo Xylandro interprete (1620). T. 2. p. 922: “Aristarchus putavit Cleanthem Samium violatae religionis a Graecis debuisse postulari, tanquam Universi lares Vestamque si loco movisset: quod is homo conatus ea quae in coelo apparent tutari certis ratiocinationibus, posuisset coelum quiescere, terram per obliquum evolui circulum, et circa suum versari interim axem.”[34] Regnault, L’Origine ancienne de la physique nouvelle, vol. 3, lettre 19, p. 209: “Ainsi les essais de pensées différentes, & l’examen de ces pensées ont contribué, ce semble, à amener la Physique au point de perfection, où nous la voyons. Il falloit que la foiblesse et la force de l’esprit éclatassent tour à tour.”[35] Fontenelle, Eloge de monsieur Leibnitz, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 445: “& enfin [il] se rendit en 1676 auprès du Duc Jean Frideric. Il y eut une consideration qui appartiendroit autant & peut-être plus à l’Eloge de ce Prince, qu’à celui de M. Leibnitz.”[36] Fontenelle, Eloge de monsieur Ozanam, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 459: “Ses études ni ses occupations ne l’empêchoient point de goûter avec elle & avec ses Enfans les plaisirs simples que la Nature avoit attachés aux noms de Mari & de Pere, mais qui sont aujourd’hui reservés pour les familles obscures, & qui deshonoreroient les autres.”[37] Fontenelle, Eloge de monsieur de La Hire, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 466: “Il semble que le plus sûr pour les hommes seroit de s’approcher peu les uns des autres, & de se craindre mutuellement”.[38] Fontenelle, Eloge de monsieur de Montmort, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 520-521: “A quelque point que cet honneur le flatât, il ne la séduisit pourtant pas en faveur des Attractions, abolies, à ce qu’on croyoit, par le Cartesianisme, & ressuscitées par les Anglois, qui cependant se cachent quelquefois de l’amour qu’ils leur portent. M. de Montmort eut de grandes querelles sur ce sujet avec M. Taylor son ami particulier, & lui composa même avec soin une assés longue Dissertation, par laquelle il renvoyoit les Attractions dans le néant, d’où elles tâchoient de sortir. M. Taylor y répondit peu de temps après. Il est certain que si l’on veut entendre ce qu’on dit, il n’y a que des Impulsions, & si on ne se soucie pas de l’entendre, il y a des Attractions, & tout ce qu’on voudra, mais alors la Nature nous est si incomprehensible, qu’il est peut-être plus sage de la laisser là pour ce qu’elle est.”[39] Fontenelle, Eloge de monsieur Renau, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 549: “la pratique de l’équité est si opposée à la Nature humaine, qu’elle fait les plus grands Heros en Morale”.[40] Fontenelle, Eloge de monsieur Renau, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 560: “Rien ne touchoit tant son cœur, que le bien public, & il étoit Citoyen comme si la mode ou les récompenses eussent invité à l’être.”[41] Fontenelle, Eloge de monsieur Renau, in Œuvres diverses, vol. IV, p. 560: “C’est un homme rare que celui qui ne peut faire pis que de se tromper.”[42] Fontenelle, Eloge de monsieur Renau, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 562: “Il ne démordoit guere ni de ses entreprises, ni de ses opinions; ce qui assûroit davantage le succès de ses entreprises, & donnoit moins de credit à ses opinions.”[43] Fontenelle, Eloge de monsieur des Billettes, in Œuvres diverses, vol. 4, p. 576-577: “il est peut-être dangereux d’exposer au Public, que quand il passoit sur les marches du Pont-Neuf, il en prenoit les bouts qui étoient moins usés, afin que le milieu qui l’est toûjours davantage, ne devînt pas trop tôt un glacis.” The heading “Puerilité” applies only to this note on Billettes.[44] Fontenelle, Eloge de monsieur d’Argenson, Œuvres diverses, vol. 4, p. 582-583: “Entretenir perpétuellement dans une Ville telle que Paris une consommation immense dont une infinité d’accidents peuvent toûjours târir quelques sources; réprimer la tyrannie des Marchands à l’égard du Public, & en même-temps animer leur commerce; empêcher les usurpations mutuelles des uns sur les autres, souvent difficiles à démêler; reconnoître dans une foule infinie tous ceux qui peuvent si aisément y cacher une industrie pernicieuse, en purger la société, ou ne les tolerer qu’autant qu’ils lui peuvent être utiles par des emplois dont d’autres qu’eux ne se chargeroient pas, ou ne s’acquitteroient pas si bien; tenir les abus necessaires dans les bornes précises de la necessité qu’ils sont toûjours prêts à franchir, les renfermer dans l’obscurité à laquelle ils doivent être condamnés, & ne les en tirer pas même par des châtiments trop éclatants; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir, & ne punir que rarement & utilement, pénétrer par des conduits souterrains dans l’intérieur des familles, & leur garder les secrets qu’elles n’ont pas confiés, tant qu’il n’est pas nécessaire d’en faire usage; être present par tout sans être vû; enfin mouvoir ou arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse, & être l’ame toûjours agissante, & presque inconnuë de ce grand corps, voilà quelles sont en general les fonctions du Magistrat de la Police.”

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