CHAPTER SIX
- CHAPTER SIX
- Sixth Chapter (Version E)
Sixth Chapter (Version E)
Du tems ch. 6
[XCIV.]
1[109/114r/1] Les notions dutems etdel’espace ont beaucoup d’analogie entre elles,
dans lespace on considere simple
ment l’ordre des coexistens entant
qu’ils coexistent, etdans ladurée
lordre des choses successives, entant qu’elles se succedent, en faisant
abstraction detoute autre qualité in
terne que dela simple succession.
[XCV.]
2On considere ordinairemt letems dememe que l’espace sous une image produite
par des idées confuses, ainsi on sele
figure comme un etre composé departies
continuës, successives, qui coule uni
formement, qui subsiste indepen
demment des choses qui Existent
dans Letems, qui a été dans un flux
continuel detoute Eternité, et
qui continuera dememe, mais
il est Evident que cette notion du tems [114v/2] come d’un etre composé departies continuës etsuccessives qui coule uni
formemt etant une fois admise mene
dans les memes dificultés quecelle de
l’espace absolu, cest adire que selon
cette notion, letems seroit un etre necessaire,
immuable, Eternel, subsistant parlui
meme, et que parconsequent tous les
attributs de dieu lui conviendroient.
[XCVI.]
3Not in BCest decette idée qu’on se forme
du tems qu’est venu cette fameuse
question que mr. clarke faisoit
a mr. deleibnitz, pourquoi dieu
na pas crée C: lemonde l’univers
six mille ans plutost
ou plutard
4 Mr. deleibnits n’eut pas depeine arenverser B: lopinion cette objection du docteur anglois et son opinion sur lanature du tems parce principe de
laraison sufisante, et il B: se servit neut besoin pr y parvenir Not in B que delobjection meme de mr. clarke sur letems dela creation, car si letems
est un etre absolu
qui consiste dans B: une fluxion un flux uniforme, la question pourquoy
dieu na pas crée lemonde six mille
ans plutost ou plus tard devient
reelle, etforce areconnoitre
quil est arrivé quelque chose sans
raison sufisante, car lameme
succession des etres del’univers
etant conservée, B: il dieu pouvoit faire comencer lemonde plutost ou [110/115r/3] plus tard sans y causer aucun derangement, or puisque tous
les instans sontegaux quand on
nefait attention qu’a lasimple succession
il ni arien en eux qui puisse faire preferer
l’un a l’autre, des qu’aucune diversité
neseroit provenuë dans lemonde
parce choix, ainsi un instant auroit
Eté choisi par dieu preferablemt
aun autre pr donner l’actualité
acemonde sans raison suffisante
cequ’on nepeut point admettre.
5 Mais ns allons voir deplus, par l’analise denos idées que letems n’est
qu’un etre abstrait, qui n’est rien
hors des choses, etqui n’est point par
consequent susceptible des proprietés
que l’imagination lui attribuë.
[XCVII.]
6Lorsque ns faisons attention ala succession continuë deplusieurs
etres etque ns ns representons
l’existence du premier A distincte
decelle du second B etcelle du second [115v/4] B distincte decelle du troisieme C et ainsi de suite, etque ns remarquons
que deux n’existent jamais ensemble
mais que A ayant cessé d’exister, B lui
succede aussitost, que B ayant cessé, C lui
succede &cc ns ns formons une
notion d’un Etre que ns apellons
tems, etentant que ns raportons l’existence permanente d’un etre
a les etres successifs, ns disons qu’il aduré uncertain tems, entant qu’on se represente que cet etre qu’on considere coëxiste
aplusieurs autres qui se succedent.
7 [117v/8] D: The structure of B follows that of A. So this paragraph comes later in B. B continues with “Mille Exemples” instead.Ondit qu’un etre dure lorsqu’il coexiste aplusieurs autres
etres successifs dans une suite continuë
ainsi laduration d’un etre devient
explicable etcommensurable par
l’existence successive deplusieurs autres
Etres, car on prend lexistence
d’un seul de ces etres successifs
pr un, celle de deux pr deux,
et ainsi des autres, et come l’etre
qui dure leur coexiste atous, son
Existence devient commensurable parlexistence detous les etres [113/118r/9] successifs.
8 [115v/4] Mille Exemples peuvent éclaircir ceque ie viens de dire, on
dit, P E, qu’un corps emploie
dutems aparcourir un chemin
par cequ’on distingue l’existence
dece corps dans un seul point, de
son Existence dans tout autre
point, et on remarque que ce corps
nesauroit Exister dans ce second
point sans avoir cessé d’exister
dans lepremier, et que lexistence dans lesecond point suit
immediatement l’existence dans lepremier, etentant qu’on assemble [111/116r/5] ces diverses Existences et qu’on les considere come faisant un, ondit que cecorps emploie dutems pour
parcourir une ligne,
Not in B ainsi letems n’est rien de reël
dans les choses qui durent, mais
c’est un simple mode ouraport
Exterieur qui depend uniquement
delesprit entant qu’il compare la
durée des etres avec lemouvemt
du soleil et des autres corps
exterieurs C: et ou avec la succession
denos idées.
D: Note that this numbering is incorrect: it repeats the number of the previous section.[XCVII.]
9B: mais quand on consulte ses idées, et qu’on fait attention ala chaine qui les amesne on s’aperçoit qu’on ne considere, dans cette notion du tems que les etres en general Quand on fait attention ala
chaine qui amene nos idées
on saperçoit que lesprit ne
considere dans lanotion abstraite
du tems que les etres
en general, et quayant fait abstraction detoutes les determinations que ces etres
peuvent avoir on ajoute seulemt
acette idée generalle qu’on en aretenu
celle deleur non coexistence, c’est adire
que le premier etle second ne peuvent
point B: coexister Exister ensemble, mais que le second suit lepremier immedi
atemt, et sans que
i’en puisse faire Exister un autre
entre deux, faisant encore icy
abstraction des raisons internes, et
des causes qui les font se succeder
l’un l’autre, et decette maniere on se
forme un etre ideal, qui doit
consister dans un flux uniforme
et qui doit etre semblable dans
toutes ses parties puisque pr le former on emploie pr chaque
etre la meme notion abstraite sans rien determiner de sa nature, [116v/6] etque lon ne considere dans tous ces etres que leur Existence successive
sans semettre en peine coment
l’existence del’un fait naitre celle
du suivant.
[XCIX.]
10Cet Etre abstrait que ns ns somes ainsi formés doit ns paroitre
in de pendant des choses Existantes, et subsis
tant par lui meme, car puis
que ns pouvons distinguer la
maniere successive d’exister des Etres
deleurs determinations internes
et des causes qui font naitre cette
succession, ns pouvons B: ns la ns representer Not in Bcette succession sans penser aux autres realités
qui l’accompagnent, et par consequent
ns devons regarder letems come
un etre apart, constitué hors
des choses, et qui pouroit subsis
ter sans les choses reëlles et successives
puis que ns pouvons encore penser
a cette Existence successive, aprés que
ns avons detruit par notre pensée
toutes les autres realités, cest adire
aprés que ns enavons fait abstraction.
[C.]
11Mais come ns pouvons aussi rendre a ces determinations generalles les determinations particulieres qui [112/117r/7] en font des etres d’une certaine espece, enapliquant notre attention alafois aleur existence successive, et aleurs
determinations particulieres il nous
doit sembler que nous faisons
Exister quelque chose dans cet
Etre successif qui B: lesquelles n’existoient ni existoit point auparavant et que ns
B: puissions pouvons denouveau les oter sans detruire cet etre.
[CI.]
12Le tems doit etre aussi consideré necessairement come continu
car si deux etres successifs A et
B nesont point concus come
continus dans leur succession on
en poura placer un ou plusieurs
entre deux qui existeront
aprés que A aura existé, et
avant que B Existe, or par la
meme on admet dutens entre lexistence successive de
A et B, ainsi on doit considerer
letems come continu.
13 [113/118r/9] B: The structure of B follows that of A. So this paragraph comes later in B. B continues with “Letems n’est donc” instead. On se forme unenotion imaginaire
du tems
en leconsiderant come un etre
composé departies successives,
continuës, sans defference interne,
auquel tous les etres successifs
coexistent et qui devient leur
mesure comune, etcette notion
peut avoir son usage quand il
ne sagit que de la grandeur, deladurée
et decomparer les durées
deplusieurs etres ensemble,
etcome dans la geo
metrie on n’est occupé que
deces sortes deconsiderations, on
peut fort bien mettre lanotion
imaginaire alaplace dela reelle
mais il faut bien se garder
dans lametaphisique et dans la phisique
desubstituer la notion imaginaire alareelle, car
alors ontomberoit dans les dif
ficultés de faire dela durée un etre
Eternel et auquel tous les attributs
dedieu conviendroient. [112/117r/7]
[CII.]
14Letems n’est donc reëllement autre chose que lordre des Etres successifs
et on s’en forme lidée
entant qu’on ne considere que l’ordre de
leur succession, ainsi il ni a point de
tems sans des etres veritables successifs
rangés dans une suite continuë, et il ya dutems aussitost qu’il Existe
detels etres. [117v/8]
[CIII.]
15Mais cette ressemblance dans la maniere
de se succeder deces etres etcet ordre qui
nait deleur succession nesont pas
les choses ellesmemes, come on a
vu ci dessus que le nombre n’est pas les choses nombrées et que B: lespace lelieu n’est pas les choses placées dans celui,
car le nombre, n’est quun agregat des memes unités, etchaque chose devient
une unité quand B: on la considere on considere le tout simplemt come un etre, ainsi lenombre n’est qu’une relation d’un etre consideré alegard B: detou, et en ce seul Egard par detous, [et] par consequent lenombre est different des choses nombrées cependant il nexiste actuellement qu’entant quil Existe des choses qu’on peut reduire come des unités
sous lameme classe, ces choses posées on pose
un nombre, et quand onles ote, il ni en a plus
dememe letems qui n’est que l’ordre [117v/8] B: At this point the text continues on a small added sheet. des successions continuës nesauroit Exister a moins
quil n’existe des choses dans
une suite continuë, B: et ainsi il est lors que les choses sont, et on
lote quand on ote ces choses, il
est cependant different B: des de ces choses qui sesuivent dans une suite
continuë, cette comparaison
du tems et du nombre peut
servir a se former laveritable
notion du tems et acompren[dre] que letems dememe que l’espace
n’est rien d’absolu hors des choses.
[CIV.]
16[117v/8] Not in B. Quant adieu, on ne peut point
dire qu’il est dans letems, car il
ni apoint desuccession enlui puis
qu’il ni peut point arriver de
changemt, ainsi il est tou
jours lememe, etne varie
point dans sa nature, et
C: come il est hors du monde cest adire qu’il ne coëxiste point partie du monde E: quil n’a point de connexion avec les parties cest adire qu’il ne fait point partie du monde come il est hors du monde, c’est a dire
quil nest point lié
avec les etres dont lunion constitue
le monde
il ne coexiste point aux
Etres successifs come les creatur[es]
et ainsi sa durée nepeut point
se mesurer parcelle des C: autres creatures [113/118r/9] C: il ni apoint enlui de difference entres les Etats Externes ou internes, il continuë dexister (pourquoi) mais il nexiste point dans letems car dieu est alafois toutce quil peut etre aulieu que les creatures ne lesont que successivemt les perfections quelles sont capables d’aquerir E: come il ni apoint enlui de difference entres les Etats Externes et internes, il continuë dexister (pourquoi) mais il nexiste point dans letems car dieu est alafois toutce quil peut etre aulieu que les creatures ne peuvent avoir que successivemt les perfections quelles sont capables d’aquerir car quoique C: lexistence de dieu
continuë Not in C dexister pendant letems come
letems n’est que l’ordre dela
succession des etres, et que cette
succession C: est pr ainsi dire est immuable
par raport adieu auqueltoutes
les choses avec tous leurs changemts
sont presentes alafois, dieu
nexiste point dans letems, car
dieu estala fois tout cequil peut
etre, au lieu que les creatures nepeuvent
subir que successivemt lesetats
D: Below this, there is a canceled, boxed marginal note reading: delordre dont elles sont susceptibles.
[CV.]
17On ne peut point admettre de parties actuelles du tems que
celles que des Etres actuellemt
Existans designent, car letems
actuel netant qu’un ordre successif dans une suite continuë, [118v/10] on nepeut point admettre deportions detems qu’entant
quil ya eu des choses reelles
qui ont Existé, etcessé d’exister,
car lexistence successive fait le
tems, et un etre qui coexiste
au moindre changement actuel
dans lanature, aduré leplus petit
tems actuel, etces moindres
changemens, come, p E, les mouve
mens des plus petites animaux
designent les plus petites parties
actuelles du tems dont ns puissions
nous apercevoir.
[CVI.]
18On ne presente ordinairemt letems parce mouvemt uniforme
d’un point qui decrit une ligne
droite, parceque le point est la
l’etre successif, present successivemt
adifferens points, et engendrant
par sa fluxion une succession continuë
alaquelle ns attachons l’idée du
tems, ainsi ns mesurons aussi
letems parce mouvemt uniforme
d’un objet, car puisque lemouvemt
est uniforme le mobile parcourera, p E, un pied dans lememe
tems qu’il parcourera un second pied, ainsi ladurée des choses qui coëxiste[nt] [114/119r/11] au mouvemt du mobile pendant quil parcourt un pied, etant prises
pr un, la durée de celles qui coexisteront ason mouvemt pendant qu’il parcourera
deux pieds sera deux, et ainsi
desuite, en sorte que par lale
tems devient commensurable
puisqu’on peut assigner laraison
d’une durée auneautre durée
qu’on avoit pris pr un, ainsi
dans les horloges leguille se
meut uniformemt dans un cercle et la 24e partie dela circonference de ce cercle fait un et l’on mesure le tems avec cette
unité en disant 2 heures, 3 heures,
&cc, dememe on prend une
année pr un, parceque les
revolutions dusoleil dans
l’ecliptique sont Egales
et on sen sert pr mesurer d’autres
durées par raport acette
unité.
[CVII.]
19On connoit les efforts que les astronomes ont fait
pr trouver un mouvemt uniforme
qui les mit aportée demesurer
Exactemt le tems, etcest ceque mr. hughens atrouvé parce moien des pendules dont il est l’inventeur, et dont ie parlerai dans la suitte. [119v/12]
[CVIII.]
20B: On voit partout ceque ie viens dedire que lidée dutems et deladurée ne ns vient pas seulement par laconsideration du mouvemt des corps exterieurs, mais par celle delexistence successive des etres que ns regardons come hors denous et par la succession de nos idéesNous avons vu que
l’existence successive des etres
fait naitre lanotion dutems
or come cesont nos idées
qui ns representent ces etres
la notion du tems nait dela succession
denos idées, et non du mouvement
des corps exterieurs, car ns aurions
une notion dutems quand meme
il n’existeroit autre chose
que notre ame, et entant que
les choses qui existent hors de
nous sont semblables auxC: a ces idées
denotre ame qui les representent
elles existent dans letems.
21 Le mouvemt est si loin dens donner parlui meme lidée dela
durée come quelques philosophes
l’ont pretendu, que ns naquerons
meme l’idée du mouvemt que
parla reflexion que ns faisons
sur ces idées successives que le corps
qui se meut excite dans notre
esprit parson Existence
successive aux diferens etres
qui l’environnent.
22 Voila pourquoi ns n’avons point lidée du mouvemt enregardant
lalune, ou l’aiguille d’une montre
quoique lune et lautre soient en mouvemt car cemouvemt est
si lent que le mobile ns paroit dans le meme point pendant que nous [115/120r/13] avons une longue succession d’idées, et parceque ns ne pouvons pas distinguer
les petites parties delespace que lecorps a
parcouru dans cet intervalle ns croions
que lemobile est en repos, mais lorsquau bout dun certain tems lalune et leguile
dema montre ont fait un chemin considerable
alors
notre esprit joignant l’idée
du point ou il les alaissés cest
adire leur coexistence passée a de
certains Etres, a celle deleur coexistence
actuelle adautres Etres, il aquert
parce moien l’idée du mouvemt de
cecorps.
23 De meme quand le mobile va avec tant derapidité que ns navons
eü aucune succession d’idée pendant
quil est allé dun point alautre ns
disons que lemobile aparcouru cechemin
dans un instant, cestadire quil
ni a employé aucun tems sensible
parla meme raison apeu prés
que lorsque les impressions que chacune
des sept couleurs fait sur notre
retine sont trop promtes ns ne
distinguons point chaque couleur
enparticulier, mais ns avons
une sensation comune detoutes
ces couleurs que ns avons nomée blancheur. [120v/14]
Not in B[CIX.]
24Ainsi cen’est quelemouvemt
mediocre qui peut ns faire naitre
lanotion du tems, parcequil a
quelque proportion avec la
succession denos idées, mais
B: cela narrive il ne nous donne cette notion
que parceque l’ame peut
alors serepresenter distinctement
les differens Etats du mobile l’un
aprés l’autre sans en confondre
plusieurs ensemble, C: mais letems qui est un etre ideal cest fort different du mouvement qui est quelque chose de positif et dereel car sans cela
il est impossible que ns puissions avoir lidée dutems
mais letems qui est un etre ideal est for[t]
different du mouvement qui est
quelque chose de reël.
[CX.]
25Ie ne puis donc imaginer coment on a pudire dans un
memoire qui aremporte lepremier
prix delacademie des sciences (et
ou il ya dailleurs des choses excelentes)
que l’existence du mouvemt dans un corps est l’existence du tems dans ce corps, quece tems est lemouvemt d’un corps c’est la meme chose, et enfin que c’est un prejugé del’enfance decroire que letems est lamesure du repos come celle du mouvemt, car certainemt ie pourois nejamais
remuer dema place et avoir des
idées successives, or j’existerois pen
dant un certain tems, eti’aurois
une idée deladurée demonetre
par la succession demes idées, etie
pourois cependant n’en avoir aucune
du mouvement, si ie nemetois jamais
remué, et que ie neusse jamais
vu decorps en mouvemt, ainsi
tant quil yaura des etres dont lexistence
se succedera, il yaura necessairemt untems soit que ces etres soient [116/121r/15] en mouvement, soit qu’ils soient en repos.
[CXI.]
26Cequi fait quelon aconfondu lemouvemt et letems, c’est
que l’on n’a point distingué avec
assés de soin le tems deses mesures.
[CXII.]
27Les mesures dutems prises des corps Exterieurs ns Etoient necessaires
pr mettre del’ordre dans les faits
passés, presens, etmeme a venir,
et pr pouvoir donner aux autres
une idée deceque ns entendons
par une telle portion de tems et pr ns en rendre compte a
ns memes, car la succession de nos
idées ne peut ns servir a aucun
de ces usages, elle ne peut ns servir
deregle ans meme parceque rien ne
peut ns assurer qu’entre deux percep
tions qui paroissent se suivre
imediatemt, il nes’en est pas Ecoulé
une infinité dont j’ay perdu
le souvenir et que des tems
immenses separent.
28 Cette succession denos idées ne peut pas non plus [121v/16] ns servir demoyen pr faire comprendre aux autres ceque
ns entendons parune telle portion du tems car les idées se succedent
plus vite, ou plus léntemt dans les
differentes tetes.
29 Voila pourquoi ns avons eté obligés deprendre les mesures dutems
hors denous, pres que tous
les peuples se sont accordés a se servir
ducours du soleil pr mesurer letems,
etc’est aparemmt acause qu’il paroit
marcher sur nostetes queles homes
ont confondu letems etle mouve
ment, faute de distinguer le tems
des mesures Etablies pr mesurer ses
parties, car si lesoleil, P E, seteignoit
etse rallumoit ades intervales Egaux
il ns serviroit Egalemt demesure du
tems quoique laterre et lui fussent
immobiles.
[CXIII.]
30Il ni apoint, etil nepeut point yavoir de mesure Exactemt juste du tems, car
on ne peut apliquer une partie du tems a lui meme pr lemesurer, come o[n] [117/122r/17] mesure letenduë pardes pieds et des toises qui sont ellesmemes
des portions detenduë, chaquun a
samesure propredutems dans la
promtitude oulalenteur avec laquelle
ses idées se succedent dans son esprit
cest de ces defferentes vitesses dont
les idées se succedent en diferentes
personne, et dans lameme persone
en defferent tems, quesont venuës
plusieurs façons de s’ex primer
come celleci par Exemple, j’ay trouvé letems bien long, car le tems ns paroit long lors que les idees se
succedent léntemt dans notre esprit.
[CXIV.]
31On sent aisemt que les mesures du tems peuventetre diferentes
chés les diferens peuples, le cours annuel
etjournalier du soleil, les vibrations
du pendule (qui sont detoutes ces mesures
la plus juste) ns ont fourni celles
de minutes, dheures, dejours, et d’années, mais il est tres possible que dautres choses ayent tenu lieu demesure adautres peuples la seule [122v/18] qui soit universelle cest celle quel’on apelle un instant car tous les homes conoissent necessairemt cette portion
dedurée qui secoule pendant
quune seule idée reste dans notre
esprit.
B: Here, instead of CXV and CXVI (= p. 32-33), we find: toutes les mesures deladurée nesont fondées quesur celle de notre Etre. Ainsi letems nest rien de reel dans les choses qui durent, mais c’est un simple mode ou raport exterieur qui depend uniquemt del’esprit qui compare la durée des etres avec lemouvemt du soleil, et des corps Exterieurs, ou avec la succession de nos idées[CXV.]
32
Toutes ces mesures C: deladurée dutems nesont fondées que sur ladurée denotre Etre
etsur celle des etres qui coëxistent
avec nous, et dont ns raportons
lexistence alidée que ns avons dela
notre, car ayant aquis lidée de
C: tems et de succession succession et detems pendant quens avions des idées successives, ns trans portons cette
idée autems pendant lequel ns n’en
avons point eü, come dans levanou[is]
sement, P E, et c’est ainsi que ns
aquerrons lidée dela durée du monde,
et delunivers, en raportant l’idée que
ns avons dela durée denotre Existen[ce]
autems qui s’est écoulé lorsque ns
netions pas encore, et acelui qui
secoulera quand ns ne serons plus.
[CXVI.]
33Nous concluons dans ladurée detous
les Etres finis un comencement et
une fin, or si par abstraction ns otons
decette idée celle ducomencemt alors
ladurée est leternité aparte ante
si ns enotons la fin, cette espece dedurée
sapelle leternité aparte post et cest ainsi
quelame delhome est eternelle, enfin
si ns otons delidée que ns avons [123r] dela durée des etres finis soncomencement etsa fin ladurée deviendra, l’eternité de dieu caril ni a que dieu qui puisse etre Eternel
aparte post et aparte ante, c’est a dire n’avoir ni comencemt, ni fin, car ns aquerons lidée
d’une durée infinie come toutes les autres
idées delinfini par des additions et des
soustractions dont nous nepouvons jamais voir lafin.
How to cite:
CHAPTER SIX, Version E. In: Du Châtelet, Émilie: Institutions de physique. The Paris Manuscript BnF Fr. 12265. A Critical and Historical Online Edition.
Edited by Ruth E. Hagengruber, Hanns-Peter Neumann, Aaron Wells, Pedro Pricladnitzky, with collaboration of Jil Muller. Center for the History of Women Philosophers and Scientists, Paderborn University, Paderborn.
Version 1.0, April 4th 2024, URL: https://historyofwomenphilosophers.org/dcpm/documents/view/chapter_six/version/e/rev/1.0