CHAPTER ELEVEN

Eleventh Chapter (Version H: First Printed Version, Paris 1740)

CHAPITRE XI

Du Mouvement, & du Repos en général, & du Mouvement simple.

§. 211.

1 [215]H: Paragraph summary: Définition du Mouvement. Le mouvement est le passage d’un Corps du lieu qu’il occupe dans un autre lieu.

2 §. 212. H: Paragraph summary: Trois sortes de mouvement. On distingue trois sortes de mouvemens, le mouvemt absolu, le mouvement rélatif commun, & le mouvemt rélatif propre.

3 §. H: Paragraph summary: Du mouvement absolu. 213. Le mouvement absolu est le rapport succesif d’un Corps à différens Corps considerés comme immobiles, & c’est-là le mouvement réel, & proprement dit. [216]

4 §. 214. H: Paragraph summary: Du mouvement relatif commun. Le mouvement relatif commun est celui qu’un Corps éprouve, lorsqu’étant en repos, par rapport aux Corps qui l’entourent, il acquiert cependant avec eux des relations suc cessives, par rapport à d’autres Corps, que l’on considére comme immobiles; & c’est le cas dans lequel le lieu absolu des Corps change, quoique leur lieu relatif reste le même; & c’est ce qui arrive à un Pilote, qui dort sur le tillac pendant que son Vaisseau marche, ou à un poisson mort, que le courant de l’eau entraîne.

5 §. H: Paragraph summary: Du mouvement relatif propre. 215. Le mouvement relatif propre est celui que l’on éprouve, lorsqu’étant transporté avec d’autres Corps d’un mouvement relatif commun, on change cependant sa relation avec eux, comme lorsque je marche dans un Vaisseau qui fait voile; car je change à tout moment ma relation avec les parties de ce Vaisseau, qui est transporté avec moi.

6 §. 216. H: Paragraph summary: Exemples des différentes sortes de mouvement. Les parties de tout mobile sont dans un mouvement rélatif commun; mais si elles venoient à se séparer, & qu’elles continuassent à se mouvoir comme auparavant, elles aquerreroient un mouvemet relatif propre.

7 §. 217. Si un Vaisseau marchoit vers l’Orient; & qu’un homme se promenât dans un Vaisseau I: de la proue à la poupe de la poupe à la prouë, c’est-à-dire, de l’Orient [217] vers l’Occident avec la même vîtesse, dont le Vaisseau est emporté, cet homme auroit, pendant qu’il parcourt la longueur de ce Vaisseau, un mouvement relatif propre, mais son mouvement absolu ne seroit qu’apparent, puisqu’en changeant à tout moment sa situa tion, par rapport aux parties de ce Vaisseau, il répondroit cependant toujours aux mêmes points hors du Vaisseau.

8 Si au contraire cet homme marchoit dans ce Vaisseau de la poupe à la prouë, c’est-à-dire, dans la même direction que le Vaisseau qui le porte, il auroit en même tems un mouvement rélatif commun avec le Vaisseau, & un mouvement relatif propre; car il changeroit à tout moment sa situation avec les parties de ce I: & avec les Corps hors du Vaisseau Vaisseau: c’est cette sorte de mouvement que tous les Corps qui marchent sur la terre éprouvent, car la terre marche sans cesse.

9 §. 218. Si au lieu de cet homme, on imagine une piere jettée horisontalement dans ce Vaisseau, dans un sens contraire à celui dans le quel le Vaisseau marche, mais avec une vîtesse égale à celle dont il est emporté, cette pierre paroîtra à ceux qui sont dans le Vaisseau avoir un mouvement relatif propre, dans le sens dans lequel on l’a jetteé; mais ceux qui sont sur le rivage la verront dans un repos absolu, par raport à sa direction horisontale, & ce repos est son état réel. [218]

10 Cette pierre est dans un repos absolu par rapport à son mouvement horisontal, parce qu’étant transportée avec ce Vaisseau, elle avoit acquis dans la direction dans laquelle ce Vaisseau marche, une force égale à celle dont le vaisseau étoit emporté; or, comme on suppose qu’elle a été jettée en sens contraire par une force égale à celle qui emporte le Vaisseau, ces deux forces égales & oposées se détruisent mutuelle
ment, & la pierre reste dans un repos absolu par rapport au mouvement horisontal; car la main qui l’a jettée Read: a à trouvé en elle une force réelle, & celle qu’elle lui a imprimée, a été employée toute entiere à la détruire. Il en arriveroit tout autrement, si cette pierre étoit jettée dans le Vaisseau par une main qui fût hors du Vaisseau; car alors la pierre auroit réellement un mouvement relatif propre de l’Orient vers l’Occident, & elle tomberoit dans la mer hors du Vaisseau.

11 §. 219. A l’égard du mouvement de cette pierre vers le centre de la Terre, il n’est pas arrêté; car le mouvement horizontal qui lui a été imprimé, ni celui du Vaisseau n’est point opposé au mouvement que sa gravité lui imprime vers le centre de la Terre.

12 Celui qui est dans le Vaisseau & qui croit que la pierre a marché d’Orient en Occident, attribuë à la pierre le mouvement qui n’appartient qu’au Vaisseau; & il est trompé par [219] ses sens de la même maniére que nous le sommes, H: Paragraph summary: Pourquoi le rivage paroît s’enfuir, lorsqu’on s’en éloigne. quand nous croyons que le rivage que nous quittons I: s’enfuit s’ensuit, quoique ce soit le Vaisseau qui nous porte qui s’en éloigne, car nous jugeons les objets en repos, quand leurs images occupent toujours les mêmes points sur notre retine. Ainsi, comme nous marchons avec le Vaisseau, ses parties occupent toujours la même place dans nos yeux, mais les parties du rivage, au contraire en occupant tantôt une partie, et tantôt une autre, nous les jugeons en mouvement par cette raison: ainsi, le mouvement vrai, & le mouvement apparent, sont quelquefois très-différens.

13 §. 220. H: Paragraph summary: Du Repos en général.Le Repos est l’éxistence continuë d’un Corps dans le même lieu.

14 Not in I On distingue entre Repos relatif & Repos absolu.

15I: §. 221. Lorsque la force active ou la cause du mouvement n’est pas dans le Corps mu, ce Corps est en repos, & c’est la le repos réel & proprement dit. On distingue le repos, en repos rélatif & repos absolu. Then follows the content of §221 from H (as §222) and finally §. 223. Le Repos absolu est la permanence du Corps dans le même lieu absolu, c’est-à-dire, la continuation des mêmes rapports du Corps, que l’on considère, aux Corps qui l’entourent, considérés comme immobiles.§. 221. H: Paragraph summary: Du Repos relatif. Le Repos relatif est la continuation des mêmes rapports du Corps que l’on considére, aux Corps qui l’entourent, quoique ces Corps se meuvent avec lui.

16 I: §. 221. Lorsque la force active ou la cause du mouvement n’est pas dans le Corps mu, ce Corps est en repos, & c’est la le repos réel & proprement dit. On distingue le repos, en repos rélatif & repos absolu. Then follows the content of §221 from H (as §222) and finally: §. 223. Le Repos absolu est la permanence du Corps dans le même lieu absolu, c’est-à-dire, la continuation des mêmes rapports du Corps, que l’on considère, aux Corps qui l’entourent, considérés comme immobiles.§. 222. H: Paragraph summary: Du Repos absolu. Le Repos absolu est la permanence du Corps dans le même lieu absolu, c’est-à-dire, la continuation des mêmes rapports du Corps, que l’on considére, aux Corps qui l’entourent, considérés comme immobiles. [220]

17 I: §. 221. Lorsque la force active ou la cause du mouvement n’est pas dans le Corps mu, ce Corps est en repos, & c’est la le repos réel & proprement dit. On distingue le repos, en repos rélatif & repos absolu. Then follows the content of §221 from H (as §222) and finally §. 223. Le Repos absolu est la permanence du Corps dans le même lieu absolu, c’est-à-dire, la continuation des mêmes rapports du Corps, que l’on considère, aux Corps qui l’entourent, considérés comme immobiles.§. 223. Lorsque la force active ou la cause du mouvement n’est point dans le corps mu, ce Corps est en repos, & c’est là le repos réel, & proprement dit.

18 §. 224 H: Paragraph summary: Exemples de ces deux sortes de Repos. Aucun Corps sur la terre n’est dans un Repos absolu, car la terre change sans cesse sa relation aux Corps qui l’environnent.

19 Les Corps qui sont attachés à la terre comme les Arbres, les Plantes, &c. sont dans un Repos relatif; car les Corps ne changent point de relation entre eux, mais la terre à laquelle ils sont attachés, & les Corps qui les entourent marchent sans cesse, ils sont dans un mouvement relatif commun. Ainsi, un Corps peut-être dans un Repos relatif, quoiqu’il se meuve d’un mouvement relatif commun.

20 §. 225. Mais pour éviter l’embaras que toutes ces distinctions mettroient dans le discours, on suppose ordinairement, lorsque l’on parle du mouvement & du repos, I: qu’on entend un que c’est d’un mouvement & d’un repos absolu; car il n’y a de mouvement réel que celui qui s’opére par une force résidente dans le Corps qui se meut, & il n’y a de repos réel que la privation de cette force.

21 Il n’y a point dans ce sens de repos dans la Nature, car toutes les parties de la matiére sont toujours en mouvement, quoique les [221] Corps qu’elles composent, puissent être en repos: ainsi, on peut dire qu’il n’y a point de repos interne.

22 §. 226. Il ni a point de degrés dans le repos, comme dans le mouvement; car un Corps peut se mouvoir plus ou moins vîte, mais quand il est une fois en repos, il n’y est ni plus, ni moins.

23 Cependant le repos & le mouvement ne sont souvent que comparatifs pour nous, car les Corps que nous croyons en repos, & que nous voyons comme en repos, n’y sont pas toujours.

24 §. 227. Un Corps qui est en repos, ne comencera jamais de lui-même à se mouvoir; car puisque toute matiére est douée de la force passive, par laquelle elle I: tend toujours à conserver son état présent, un Corps qui est en repos ne peut se mouvoir de lui-même. Afin résiste au mouvement, elle ne peut se mouvoir d’elle-même; pour que le mouvement se fasse avec raison sufisante, il faut donc une cause qui mette ce Corps en mouvement: ainsi, tout Corps en repos resteroit éternellement en repos, si quelque cause ne le mettoit en mouvement, comme par exemple, lorsque je retire une Planche, sur laquelle une pierre est posée, ou Not in I que quelque Corps en mouvement communique son mouvement à un autre Corps, comme lorsqu’une bille de Billard pousse une autre bille. [222]

25 §. 228. Par la même principe de la raison suffisante, un Corps en mouvement ne cesseroit jamais de se mouvoir, si quelque cause n’arrêtoit son mouvement, en consumant sa force; car la matiére résiste I: également par son inertie au mouvement, quand elle est en repos, & au repos, quand elle est en mouvement également au mouvement & au repos par son inértie.

26 §. 229. La force active & la force passive des Corps, se modifie dans leur choq, selon de certaines Loix que l’on peut réduire à trois principales.

Premiere Loi.

27H: Paragraph summary: Loix générales du mouvement. Un Corps persevére dans l’état où il se trouve, soit de repos, soit de mouvement, à moins que quelque cause ne le tire de son mouve ment, ou de son repos.

Seconde Loi.

28Le changement qui arrive dans le mouvement d’un Corps, est toujours proportionnel à la force motrice qui agit sur lui; Not in I & il ne peut arriver aucun changement dans la vîtesse, & la direction du Corps en mouvement que par une force extérieure; car sans cela ce changement se seroit sans raison suffisante.

Troisie’me Loi

29La reaction est toujours égale à l’action; car [223] un Corps ne pourroit agir sur un autre Corps, si cet autre Corps ne lui resistoit: ainsi, l’action & la reaction sont toujours égales & opposées.

30 H: Paragraph summary: Ce qu’il faut considérer dans le mouvement.§. 230. On considére plusieurs choses dans le mouvement.

  • 1°. La force qui imprime le mouvement Not in Iaux Corps.
  • 2°. Le tems pendant lequel le Corps se meut.
  • 3°. L’Espace que le Corps parcourt.
  • 4°. La vîtesse du mouvement, c’est-à-dire, le rapport de l’Espace que le Corps a parcouru, & du tems employé à le parcourir.
  • 5°. La masse des Corps, selon laquelle ils résistent à la force qui veut leur imprimer, ou leur ôter le mouvement.
  • 6°. La quantité du mouvement.
  • 7°. La direction du mouvement, soit qu’il soit simple, soit quil soit composé.
  • 8°. L’élasticité des Corps auxquels on imprime le mouvement.
  • 9°. L’effet de la force des Corps en mouvement, ou la quantité d’obstacles qu’ils peuvent déranger en consumant leur force.
  • 10°. Enfin, la façon dont le mouvement se communique.

31 §. 231. H: Paragraph summary: 1. De la force motrice. Il n’y a point de mouvement sans une force qui l’imprime.

32 La cause Not in I active qui imprime le mouvement [224] au corps, ou qui le sollicite à se mouvoir, s’appelle force motrice.

33 L’effet de cette force quand elle n’est pas détruite par une résistance invincible, est de faire parcourir au Corps un certain Espace, en un certain tems, dans un Espace qui ne résiste point sensiblement; & dans un Espace qui resiste, son effet est de lui faire surmonter une partie des obstacles qu’il rencontre.

34 Cette cause, qui tire le mobile de l’état de repos, dans lequel il étoit, & qui lui fait parcourir un certain espace, & surmonter une certaine quantité d’obstacles, communique à ce Corps une force qu’il n’avoit pas, lorsqu’il étoit en repos, puisque par la premiere Loi, ce Corps, de lui-même, ne seroit jamais sorti de sa place.

35 §. 232. Par la même Loi, lorsqu’un Corps en mouvement cesse de se mouvoir, il faut nécesairement que quelque force égale, & opposée à la sienne, ait arrêté son mouvement, & consumé sa force.

36 §. 233. Toute cause efficiente est égale à son effet pleinement exécuté: ainsi, des forces égales produiront toujours en s’épuisant des effets égaux.

37 §. 234. On appelle Obstacle, tout ce qui s’oppose au mouvement d’un Corps, & qui [225] consume sa force en tout, ou en partie.

38 §. 235. H: Paragraph summary: Le mouvement seroit éternel dans le vuide. Puisque par la premiére Loi du mouvement, un Corps de lui-même persevére toujours dans l’état où il se trouve; & que la force par laquelle un Corps se meut, ne peut se consumer en tout, ou en partie, qu’en surmontant des obstacles; un Corps qui seroit une fois en mouvement dans le vuide absolu, I: si le vuide (s’il étoit possible,) continueroit à se mouvoir pendant toute l’éternité dans ce vuide, & y parcourroit à jamais des Espaces égaux en tems égaux, puisque dans le vuide aucun obstacle ne consumeroit la force de ce Corps en tout, ni en partie.

39 §. 236. Tout mouvement contient donc un infini en tems, puisque tout mouvement pourroit durer éternellement dans le vuide; mais tout mouvement ne contient pas un infini en vîtesse: car un Corps qui se mouvroit éternellement dans le vuide, pourroit s’y mouvoir avec une vîtesse plus ou moins I: grande. C’est-à-dire parcourir une partie plus ou moins grande de cette espace non résistant, dans un tems donné (§. 239). grande.

40 §. 237. L’Espace parcouru par un Corps, est la Ligne décrite par ce Corps, pendant son mouvement.

41 H: Paragraph summary: 2. De l’Espace parcouru. Si le corps qui se meut, étoit un point, l’Espace parcouru ne seroit qu’une Ligne mathématique; mais comme il n’y a point de Corps qui ne soit étendu, l’Espace parcouru a toujours quelque largeur. Quand on mesure [226] le chemin d’un Corps, on ne fait attention qu’à sa longueur.

42 §. H: Paragraph summary and marginal note: Planche 4. Fig. 18. 3. Du tems pendant lequel le Corps se meut. 238. Si le Corps A. parcourt l’Espace C. D. il s’écoulera une portion quelconque de tems, pendant qu’il ira de C. en D. quelque petit que l’Espace CD. puisse être; car le moment où ce Corps sera en C. ne sera pas celui où il sera en D. un Corps ne pouvant être en deux lieux à la fois: ainsi, tout Espace parcouru, l’est en un tems quelconque.

43 §. H: Paragraph summary: 4. De la vîtesse du mobile. 239. Outre l’Espace que le Corps en mouvement parcourt, la force qui le lui fait parcourir, & le tems qu’il y employe; on conçoit encore dans le mouvement une autre chose qu’on appelle vîtesse: on entend par ce mot, la proprieté qu’a le mobile de parcourir un certain Espace, en un certain tems.

44 H: Marginal note: Planche 4. Fig. 18. On connoît la vîtesse d’un Corps par l’Espace qu’il parcourt en un tems donné: ainsi, la vîtesse est d’autant plus grande que le mobile parcoure plus d’Espace en moins de tems; & par consequent, si un Corps A. parcourt l’espace C. D. en deux minutes, & que le Corps B. parcourre le même Espace en une minute, la vîtesse du Corps B. sera double de celle du Corps A.

45 H: Paragraph summary: Il n’y a point de mouvement sans une vîtesse déterminée. Il n’y a point de mouvement sans une vîtesse quelconque, car tout Espace parcouru, est parcouru dans un certain tems; mais ce tems peut être plus ou moins long à l’infini; car [227] H: Marginal note: Planche 4. Fig. 18. l’Espace CD. que je suppose être d’un pied, peut être parcouru par le Corps A. en une heure, ou dans une minute, qui est la 60. partie d’une heure, ou dans une seconde qui en est la 3600°. partie, &c.

46 §. 240. Le mouvement, c’est-à-dire, sa vîtesse, peut être uniforme, ou non uniforme, accelerée ou retardée, également ou inégalement accelerée & retardée.

47 §. 241. H: Paragraph summary: Du mouvement uniforme. Le mouvement uniforme est celui qui fait parcourir au mobile des Espaces égaux en tems égaux: ainsi, dans le mouvement uniforme les Espaces parcourus sont come les vîtesses du mobile, & comme les tems de son mouvement.

48 §. 242. Dans un tems infiniment petit, on considére toujours le mouvement comme étant uniforme; c’est-à-dire, qu’à chaque instant infiniment petit, le mobile est supposé parcourir des Espaces égaux, soit que son mouvement dans un tems fini soit acceleré ou retardé, uniforme ou non uniforme.

49 §. 243. Il n’y a que dans un Espace qui ne feroit aucune résistance, dans lequel un mouvement parfaitement uniforme pût s’exécuter, de même qu’il n’y a que dans un tel Espace, dans lequel un mouvement perpétuel fût possible; car dans cet Espace il ne se pouroit rien [228] rencontrer qui pût accelerer ou retarder le mouvement des Corps.

50 §. H: Paragraph summary: Preuve de l’impossibilité du mouvement perpetuel méchanique. 244. L’inégalité de tous les mouvemens que nous connoissons, est une démonstration contre le mouvement perpétuel méchanique, que tant de gens ont cherché: car cette inégalité ne vient que des pertes continuelles de force que font les Corps en mouvement, par la résistance des milieux dans lesquels ils se meuvent, le frottement de leurs parties, &c. Ainsi, afin qu’un mouvement perpétuel méchanique pût s’exécuter, il faudroit trouver un Corps qui fût exemt de frottement, ou qui eût reçû du Créateur une force infinie, puisqu’il faudroit que cette force lui fît surmonter des résistances à tout moment répétées; & que cependant, elle ne s’épuisât jamais, ce qui est impossible.

51 §. 245. H: Paragraph summary: Nous ne connoissons point de mouvement parfaitement égal. Quoi qu’à parler exactement, il n’y ait point de mouvement parfaitement uniforme, cependant lorsqu’un Corps se meut dans un Espace, qui ne résiste point sensiblement, & que ce Corps ne reçoit, ni accelération, ni retardement sensible dans son mouvement, on considére ce mouvement comme s’il étoit parfaitement uniforme.

52 §. 246. I: Paragraph summary: Du mouvement non uniforme. Le mouvement non uniforme est celui qui reçoit quelque augmentation ou [229] quelque diminution dans sa vîtesse.

53 §. H: Paragraph summary: Du mouvement acceleré. 247. Un Corps a un mouvement acceleré, lorsque quelque nouvelle force agit sur lui, & augmente sa vîtesse.

54 §. 248. Le mouvement d’un Corps ne peut cependant être acceleré, que lorsque la nouvelle force qui agit sur lui, agit en tout, ou en partie dans la direction, dans laquelle le Corps se meut déja.

55 §. H: Paragraph summary: Du mouvement retardé. 249. Le mouvement d’un Corps est re tardé, lorsque quelque force opposée à la sienne lui ôte une partie de sa vîtesse.

56 §. 250. Le mouvement d’un Corps est également ou inégalement accéleré, selon que la nouvelle force qui I: accélère son mouvement, agit sur lui agit sur lui, y agit également ou inégalement en tems égal; & il est également ou inégaement retardé, selon que les pertes qu’il fait, sont égales ou inégales en tems égaux.

57 §. 251. Quand le mouvement d’un Corps est également acceleré en tems égal, les vîtesses de ce Corps croissent comme les tems de son mouvement.

58 §. H: Paragraph summary: Il faut plus de force pour accelerer le mouvement, que pour l’imprimer. 252. Il faut une plus grande quantité de force pour augmenter la vîtesse d’un Corps [230] d’un degré que pour lui imprimer le premier degré de vîtesse lorsqu’il est en repos.

59 §. 253. Si le mouvement est uniforme, c’est-à-dire, si la vîtesse du Corps demeure la même, l’Espace parcouru augmentera en même proportion que le tems du mouvement de ce Corps (en faisant abstraction des obstacles) de façon que si on multiplie la vîtesse de ce Corps, par le tems de son mouvement, le produit sera l’Espace parcouru: si l’Espace est divisé par le tems, le produit marquera la vîtesse, & ce même Espace divisé par la vîtesse, donnera le tems: ainsi, dans le mouvement uniforme quand on a deux de ces choses, espace, tems, & vitesse, on aura nécessairement la troisiéme.

60 §. 254. Plus la vîtesse d’un Corps est grande, plus il parcourt d’Espace dans un tems donné, & au contraire.

61 Not in I Dans le mouvement acceleré l’Espace parcouru est d’autant plus grand dans un tems donné, que la vîtesse est plus augmentée; & dans le mouvement retardé, l’espace parcouru est d’autant moindre en un même tems, que la vîtesse est plus diminuée; car par la seconde Loi, les changemens qui arrivent dans le mouvement, sont toujours proportionnels à la force qui les produit. [231]

62 §. 255. H: Paragraph summary: De la comparaison du mouvement des Corps. Si on compare plusieurs Corps qui sont dans un mouvement uniforme, & qui ont des vîtesses égales, les Espaces parcourus seront comme les tems de leur mouvement.

63 Si les vîtesses sont inégales, & les tems égaux, les Espaces parcourus seront comme les vîtesses. Si les vîtesses & les tems sont inégaux, les Espaces seront en raison composée des raisons des vîtesses, & des tems, ou comme les produits du tems de chacun de ces Corps multiplié par sa vîtesse; & enfin, si les vîtesses & les Espaces sont inégaux, les tems seront en H: raison composée de la raison directe des vitesses, & de la raison inverse des espaces; raison directe des Espaces, & en raison inverse des vîtesses; car il faut d’autant plus de tems à un Corps pour parcourir un espace quelconque, que ce Corps a moins de vîtesse.

64 H: Paragraph summary: Ce que l’on entend par vîtesse absoluë & vitesse respective.§. 256. On distingue les vîtesses, en vîtesses absoluës, & vîtesses respectives.

65 H: Paragraph summary: Ce que l’on entend par vîtesse absoluë & vitesse respective.La vîtesse propre ou absoluë d’un Corps, est le rapport de l’Espace qu’il parcourt, & du tems pendant lequel il se meut.

66 La vîtesse respective, est la vîtesse avec laquelle deux Corps s’approchent ou s’éloignent l’un de l’autre d’un certain Espace dans un tems determiné, I: quelles que quelques soient leurs vîtesses absoluës: ainsi, I: quand je considère la vitesse avec laquelle un Corps A s’approche, ou s’éloigne d’un Corps B supposé en repos, je considère la vitesse absolue du Corps A, mais si le Corps B venoit à se mouvoir vers le Corps A, pendant que le Corps A iroit vers lui, & que je considérasse la vitesse avec laquelle ces deux Corps s’approchent, ce seroit alors leur vitesse respective que je considérois, & cette vitesse respective seroit égale à la somme des vitesses de ces deux Corps, & si ces deux Corps que je considère alloient du même coté, leur vitesse respective seroit alors égale à la différence de leur vitesse absolue. la vîtesse absoluë est quelque chose de positif; mais la vîtesse respective n’est qu’une simple comparaison que l’esprit fait de [232] deux Corps, selon qu’ils s’aprochent, ou s’éloignent l’un de l’autre.

67 §. H: Paragraph summary: 5. De la masse des Corps. 257. Les Corps résistent également au mouvement & au repos; cette résistance étant une suite nécessaire de leur force d’inertie, elle est proportionelle à leur quantité de matière propre, puisque la force d’inertie appartient à I: à toute la chaque minimum de la matiére: un Corps résiste donc d’autant plus au mouvement qu’on veut lui imprimer, qu’il contient une plus grande quantité de matiére propre sous un même volume, c’est-à-dire, d’autant plus, qu’il a plus de masse, toutes choses d’ailleurs égales.

68 Ainsi, plus un Corps a de masse, moins il acquiert de vîtesse par la même pression, & vice versa.

69 Les vîtesses des corps qui reçoivent des pressions égales, sont donc en raison inverse de leur masse.

70 §. 258. Il est une fois plus facile d’imprimer une certaine vîtesse à un Corps, que d’imprimer au même Corps une vîtesse double de la premiere: ainsi, il faut une double pression pour imprimer au même Corps une vîtesse double; & il faut précisément la même pression pour donner à un Corps deux degrés de vîtesse, ou pour donner un degré de vîtesse à un autre Corps, dont la masse est double de celle du premier. [233]

71 I: D’où il suit que, la pression qui fait mouvoir différens Corps avec une même vitesse, est toujours proportionelle à la masse de ces Corps, toutes choses d’ailleurs égales, & que leAinsi, la pression qui fait mouvoir différens Corps avec une même vîtesse, est toujours proportionelle à la masse de ces Corps, toutes choses égales d’ailleurs.

72 I: D’où il suit que, la pression qui fait mouvoir différens Corps avec une même vitesse, est toujours proportionelle à la masse de ces Corps, toutes choses d’ailleurs égales, & que leLe mouvement d’un Corps est d’autant plus difficile à arrêter, que ce Corps a plus de masse: ainsi, il faut la même force pour arrêter le mouvement d’un Corps qui se meut avec une vîtesse quelconque, & pour communiquer à ce même Corps le même dégré de vîtesse qu’on lui a fait perdre.

73 §. 259. H: Paragraph summary: De l’égalité de l’action, & de la reaction. Cette résistance que tous les Corps opposent, lorsqu’on veut changer leur état présent, est le fondement de la troisiéme Loi du mouvement, par laquelle la réaction est tou jours égale à l’action.

74 L’établissement de cette Loi étoit nécessaire, afin que les Corps pussent agir les uns sur les autres; & que le mouvement étant une fois produit dans l’Univers, il pût être communiqué d’un Corps à un autre avec raison suffisante.

75 H: Paragraph summary: Il ne peut y avoir d’action sans résistance. Dans toute action, le Corps qui agit, & celui contre lequel il agit, luttent entr’eux, & sans cette espéce de lutte, il ne peut point y avoir d’action; car je demande comment une force peut agir contre ce qui ne lui opoose aucune résistance.

76 Quand je tire un Corps attaché a une corde, quelqu’aisement que je le tire, la corde est [234] tenduë également des deux côtés, ce qui marque l’égalité de la réaction, & si cette corde n’étoit pas tenduë, je ne pourrois tirer ce Corps.

77 H: Paragraph summary: Objection contre l’égalité de l’action, & de la reaction. Réponse. Mais, dit-on, comment puis-je faire avancer ce Corps, si je suis tiré par lui avec une force égale à celle que j’employe pour le tirer? Ceux qui font cette objection, ne font pas attention que lorsque je tire ce Corps & que je le fais avancer, je n’employe pas toute ma force à vaincre la résistance qu’il m’oppose; mais lorsque je l’ai surmontée, il m’en reste encore une partie que j’employe à avancer moi-même; & ce Corps avance par la force que je lui ai communiquée, & que j’ai employée à surmonter sa résistance; ainsi, quoique les forces soient inégales, l’action & la réaction sont toujours égales.

78 I: Cette égalité de l’action & de la réaction, vient, de ce La raison de cette égalité de l’action & de la réaction, est qu’un Corps ne sauroit employer un degré de force à surmonter la résistance d’un autre Corps, sans en perdre lui même une quantité égale à celle qu’il y a employée; car ce Corps ne peut garder & employer sa force en même tems: or cette force qu’il employe à surmonter cette résistance, n’est pas perduë, mais le Corps qui résiste l’acquiert.

79 Quand la masse de ce Corps a une certaine proportion à la masse du Corps qui l’a poussé, ce Corps avance sensiblement, & quand sa masse surpasse à certain point celle du Corps [235] qui agit sur lui, ce Corps avance infiniment peu; mais dans l’un et dans l’autre cas, la réaction est toujours égale à l’action, c’est-a-dire, que la diminution de la force dans le Corps qui agit, est toujours égale à la force qu’il a communiquée: ainsi, un Corps perd autant de son mouvement qu’il en communique; puisque le mouvement d’un Corps ne peut lui être ôté que par une force égale & opposée, & dans ces deux choses si différentes, la cessation du mouvement & sa communication, la réaction est toujours égale à l’action.

80 On a vû ci-dessus que la communication du mouvement se fait en raison des masses, ce qui est encore une preuve que l'action est égale à la résistance; car les Corps résistent es raison directe de leur masse.

81 §. 260. Les Corps réagissent par leur force d’inertie, & en réagissant, ils tendent à changer l’état du Corps qui les pousse, & auquel ils résistent, & ils acquerent dans cette réaction la force que le Corps qui agit sur eux, consume en y agissant, car ces Corps résistent en acquerant le mouvement: ainsi, la force que les Corps acquerent pour se mouvoir, ils l’acquerent en partie par leur force d’inertie, qui est le principe de leur réaction: de sorte I: qu’on peut dire que les Corps ne pourroient ni agir, ni résister sans cette force d’inertie, & que toute leur action & leur réaction, toute leur impulsion & leur résistance, n’est qu’à parler proprement, toute la force de la matiére, soit qu’elle soit en repos, ou en mouvement, soit qu’elle communique le mouvement, soit qu’elle [236] le reçoive, toute son action, & sa réaction, toute son impulsion, & sa résistance, n’est autre chose que cette vis inertiœ en différentes circonstances.

82 §. 261. H: Paragraph summary: C’est l’égalité de l’action, & de la réaction, qui fait aller un Navire par des rames. Un Navire va par des rames, parce que les rames poussent l’eau vers le côté opposé, & l’eau réagit contre les rames, & les repousse avec le batteau auquel elles tiennent, & cela avec une force égale à celle avec la quelle les rames l’ont fenduë; ainsi, le Vaisseau va d’autant plus vîte qu’il y a plus de rames, que les rames sont plus grandes, & qu’elles sont remuées plus vîte, & plus fortement.

83 C’est par cet artifice qu’on se soutient dans l’eau en nageant, car les pieds & les mains servent alors de rames.

84 Il en est de même des oiseaux. Quand ils volent, ils font dans l’air avec leurs aîles, ce que les hommes qui nagent, font dans l’eau avec leurs pieds, & leurs mains.

85 §. H: Paragraph summary: De la quantité du mouvement. 262. Il y a encore une chose à considé rer dans le mouvement, c’est sa quantité; car la quantité du mouvement dans un instant infiniment petit, est proportionnelle à la masse & à la vîtesse du Corps mû, en sorte que le même Corps a plus de mouvement quand il se meut plus vîte; & que de deux corps dont la vîtesse est égale, celui qui a le plus de masse, a le plus de mouvement: car le mouvement [237] imprimé à un Corps quelconque, peut être conçû divisé en autant de Not in I parties que ce Corps contient de parties de matiére propre, & la force motrice appartient à chacune de ces parties qui participent également au mouvement de ce Corps, en raison directe de leur grandeur: ainsi, le mouvement du tout, est le résultat I: du mouvement de de toutes les parties, & par consequent, le mouvement est double dans un Corps dont la masse est double de celle d’un autre, lorsque ces Corps se meuvent avec la même vîtesse.

86 Car supposé qu’un Corps A. qui a quatre de masse, & un Corps B. qui en a deux, se meuvent avec la même vîtesse, ce Corps A. peut être coupé en deux parties égales, sans que son mouvement soit arrêté; & alors chacune de ses moitiés sera égale au Corps B. & continuëra à se mouvoir avec la même vîtesse qu’avoit ce Corps A. entier, avant qu’on l’eût coupé en deux. Ce Corps double avoit donc un mouvement double.

87 §. 263. H: Paragraph summary: 7. De la détermination du mouvement. Du mouvement simple. Il n’y a point de mouvement sans une détermination particuliére: ainsi, tout mobile qui se meut, tend vers quelque point.

88 Lorsqu’un Corps qui se meut, n’obéit qu’à une seule force qui le dirige vers un seul point, ce Corps se meut d’un mouvement simple.

89 §. 264. H: Paragraph summary: Du mouvement composé. Le mouvement composé, est celui dans lequel le mobile obéït à plusieurs forces [238] qui le font tendre vers plusieurs Points à la fois.

90 Le mouvement simple est le seul que j’éxamine ici, je parlerai du mouvement composé dans le Chapitre suivant.

91 §. 265. Dans le mouvement simple, la Ligne droite tirée du mobile au point vers lequel il tend, représente la direction du mouvement de ce Corps; & si ce Corps se meut, il I: parcourrera parcourra certainement cette Ligne.

92 Ainsi, tout Corps qui se meut d’un mouvement simple, décrit pendant qu’il se meut, une Ligne droite.

93 Nous ne connoissons à proprement parler, de mouvement simple, que celui des Corps qui tombent perpendiculairement vers le centre de la terre par la seule force de la gravité, à moins que les Corps ne se meuvent sur un plan immobile; car la gravité agissant également sur tous les Corps à chaque instant indivisible, son action se mêle à tous les I: mouvemens momens, & de simples, elle les fait venir composés.

94 §. 266. La gravité ou la pésanteur, est aussi une des causes pour laquelle il ne pourroit y avoir de mouvement uniforme que dans le vuide absolu, ou sur un plan immobile; car cette force fait parcourir aux Corps des Espaces inégaux en tems égaux. [239]

95§.267. H: Paragraph summary: 8. De l’élasticité des Corps. Les Corps qui reçoivent ou qui communiquent le mouvement, peuvent être ou entiérement durs, c’est-à-dire, incapables de compression, ou entiérement mols, c’est-à-dire, incapables de restitution après la compression de leurs parties, ou enfin à ressort, c’est-à-dire, capables de reprendre leur premiere forme après la compression.

96 Ces derniers peuvent être encore à ressort parfait, de sorte qu’après la compression, ils reprennent entiérement leur premiere figure; ou à ressort imparfait, c’est-à-dire, capables de la reprendre seulement en partie: nous ne connoissons point de Corps entiérement durs, ni entiérement mols, ni à ressort parfait; car, comme dit M. de Fontenelle, la nature ne souffre aucune précision.

97 Mais pour rendre les raisonnemens plus intelligibles, on suppose la précision la plus éxacte: ainsi, on suppose que tous les Corps à ressort, ont un ressort parfait.

98 On appelle Corps durs, ceux dont la figure ne s’altére point sensiblement par le choc; I: tel est, par exemple, le Diamant tels sont, par exemple, les Diamans; & on nomme mols, les Corps qui par le choc prennent une nouvelle figure, qu’ils conservent après le choc, comme la cire, l’argile, &c. I: Je vous Je parlerai dans la suite de cet ouvrage des corps élastiques, & de la façon dont le mouvement se communique entr’eux. [240]

99§. 268. H: Paragraph summary: 9. De la force des Corps en mouvement. Lorsqu’un Corps en mouvement rencontre un obstacle, il fait effort pour deranger cet obstacle; si cet effort est détruit par une résistence invincible, la force de ce Corps est une force morte, c’est-à-dire, qu’elle ne produit aucun effet, mais qu’elle tend seulement à en produire un.

100 Si la résistance n’est pas invincible, la force est alors une force vive, car elle produit un effet réel, & cet effet est ce qu’on appelle l’effet de la force de ce Corps.

101 La quantité de la force vive, se connoît par le nombre & la grandeur des obstacles, que le Corps en mouvement peut déranger en épuisant sa force.

102 Il y a de grandes disputes entre les Philosophes, pour savoir si la force vive, & la force morte doivent être estimées différamment, & c’est de quoi je parlerai dans le Chapitre 21. de cet ouvrage.

103 §. 269. H: Paragraph summary: 10. De la communication du mouvement. Enfin, la derniere chose qui me reste à examiner dans le mouvement, c’est la façon dont il se communique; car l’expérience nous apprend qu’un Corps en mouvement, qui en rencontre un autre en repos, lui communique une partie de la force, qu’il avoit pour se mouvoir, & alors le Corps qui a été choqué, passe de l’état de repos dans lequel il étoit, à celui du mouvement, et il continuë à se mouvoir après [241] le choc jusqu’à ce que quelque obstacle ait consumé sa force.

104 §. 270. I: La continuation du mouvement de ce Corps La Read: cause pour causepour laquelle ce Corps continuë à se mouvoir après l’absence du moteur, est une suite de la force d’intertie de la matiére, force par laquelle les Corps restent dans l’état où ils sont, si quelque cause ne les en retire. Or, quand ma main jette une pierre, cette pierre & ma main commencent à se mouvoir ensemble; je retire ma main, & voilà une cause qui fait cesser son mouvement de ce côté, mais la pierre que je n’ai point retirée, continuë à se mouvoir, jusqu’à ce que la résistance de l’air lui ait fait perdre le mouvement Not in I de projectile, que je lui avois imprimé, ou que la gravité la fasse retomber vers la terre: ainsi, la continuation du mouvement de cette pierre, après l’absence de ma main, est l’effet de la force que je lui ai imprimée.

105 C’est par cette raison, que quand un Vaisseau va fort vîte, & qu’il est arrêté subitement, les choses qui sont I: dedans coureroient risque d’être précipitées, si elles n’étoient pas retenues, car elles conservent le mouvement qu’elles avoient acquis pendant que ce vaisseau étoit en mouvement: c’est par la raison contraire que dans ce Navire tendant à conserver le mouvement qu’elles ont acquis, en étant transportées avec lui, courreroient risque d’être précipitées, si elles n’étoient pas retenuës.

106 H: Paragraph summary: Pourquoi le roulis d’un Vaisseau cause des vomissemens. I: dedans coureroient risque d’être précipitées, si elles n’étoient pas retenues, car elles conservent le mouvement qu’elles avoient acquis pendant que ce vaisseau étoit en mouvement: c’est par la raison contraire que C’est par la même cause encore que le roulis que la mer cause au Vaisseau, & plus encore l’agitation d’une tempête rend les hommes malades, & les fait vomir, sur tout s’ils ne sont [242] pas accoutumés à la mer; car les liqueurs qui sont dans leur Corps ne reçoivent que peu à peu un mouvement harmonique, à celui du Vaisseau, & jusqu’à ce qu’elles l’ayent acquis, il s’y fait un trouble & une commotion, qui se manifeste par des vomissemens, & d’autres maladies, & il se passe alors dans le Corps des hommes la même chose, à peu près, que nous voyons arriver dans un vase plein d’eau, que l’on tourne en rond; car l’eau ne prend que peu à peu le mouvement du vase, & elle le garde encore quelque tems, quand ce mouvement est arrêté.